Le 25 juin 2022, c’était la journée mondiale contre les abandons d’animaux de compagnie. A cette occasion, l’équipe de la chaîne YouTube Esprit Dog a sorti un documentaire « choc » d’une heure et demi sur le malinois en France. Un documentaire boulversant sur lequel je me devais de m’attarder.
Ok, pour l’instant, tu ne vois pas le rapport avec la photographie, mais attends un peu. Si tu me suis, c’est que tu as une passion pour l’image mais aussi une passion pour les animaux de compagnie. On est tous sensibles à la cause animale (du moins je l’espère pour toi sinon je ne comprends pas ce que tu fais ici 😀 ).
Je vais te faire part de ce que je pense de ce documentaire à travers cet article mais on va aussi bifurquer vers la photographie (of course !) 🙂
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Table of Contents
Le documentaire choc d’Esprit Dog sur le monde du chien – le malinois, ce chien condamné
Pour commencer, je t’invite à regarder le documentaire car il est de très bonne qualité et tu comprendras mieux mon discours par la suite :
Dans ce documentaire, Esprit Dog veut nous faire découvrir la « réalité du terrain » concernant le malinois en France. Le malinois est une race à la mode qui remplit les refuges et qui est étiqueté comme étant le chien agressif, hyperactif, destiné à une élite pour le travail.
Mais comment cette race en est-elle arrivée là ? Est-ce une réalité « génétique » ?
Dans le documentaire, on voit des éleveurs, des éducateurs canins, des vétérinaires, des pompiers professionnels, des animaleries, des clubs canins, des escrocs aussi… Dont une partie tournée en caméra cachée.
On y voit des « professionnels » du monde animal (vendeurs en animalerie, éducateurs canins, clubs canins) décrire le malinois comme un monstre, comme un chien incapable de se comporter en chien de famille, une arme de destruction massive, un hyperactif ingérable qui nécessite des techniques coercitives pour être « maîtrisé ». On y voit des particuliers démunis face aux réactions des gens devant leur chien et face à l’incapacité du monde professionnel de leur prodiguer un vrai accompagnement.
Voilà grosso modo le ton de ce documentaire d’Esprit Dog. Maintenant je t’invite à le regarder par toi-même pour te faire ta propre idée 🙂
Mon expérience du monde canin
Mon premier chien Lugia
Je suis moi-même propriétaire de deux chiens : un malamute d’Alaska de 4 ans à l’heure où j’écris ces lignes, et un chien croisé berger de 2 ans qui vient d’un sauvetage en Roumanie.
Lugia, notre Malamute, est mon tout premier chien. Mon copain a toujours été entouré de chiens, mais moi jamais. On savait qu’on voulait un chien et on a eu un coup de coeur sur le Malamute d’Alaska. Seulement, je suis partie notre petit Lugia avec la boule au ventre… Car ce qu’on lit sur le malamute sur internet c’est :
- c’est un chien fugueur
- c’est un chien chasseur qui va décimer tous les animaux qu’il croise
- il est assoiffé de sang
- il est naturellement bagareur avec les autres chiens
- il faut une éducation très stricte
- on peut toujours rêver pour le rappel
On a voulu mettre toutes les chances de notre côté pour que tout ça n’arrive pas. Donc on est allé à l’école des chiots dès ses 2 mois ! On l’emmenait littéralement partout avec nous. On le détachait en balade sans problème car il nous suivait. Puis sur des groupes Facebook, on nous a rit au nez quand on parlait de notre malamute en liberté sur les plages. On nous disait que passé ses 1 an on pouvait toujours essayer de revenir s’en vanter…
Et suite à ça, on a bien sûr fait l’erreur de ne pas suffisamment travailler de rappel et d’avoir un chien qui ne revient qu’une fois sur deux… Mais tous les autres « vices » du malamute on ne les a jamais vu sur notre chien ! Et les gens nous disent que c’est de la chance… (A d’autres hein !)
Notre deuxième chien Blink
On vivait un plein bonheur avec Lugia et on a décidé d’adopter pour un petit rescapé d’une association qui sauve les chiens en Roumanie. On se retrouve avec le petit Blink à la maison, 5 mois, rachétique, malade et surtout extrêmement peureux de tout.
C’était la première fois qu’on était confronté à un chien peureux et on a clairement sous-estimé les difficultés… Les réactions de peur devenaient ingérables. Nous nous sommes tournés vers un éduacteur comportemantaliste, le seul bien noté dans notre région. On a longtemps hésité car on avait peur de tomber sur un « mauvais » mais les commentaires nous ont inspiré confiance. Et surtout c’était le seul qui parlait de rééducation. Blink avait alors 1 an et demi donc c’était bien devenu de la rééducation.
On s’est finalement retrouvés dans des cours collectifs pour chiens agressifs… Notre petit peureux de Blink entouré d’une dizaine de chiens réactifs avec les autres chiens. Des techniques coercitives qui consistaient à donner des coups de collier à chaque réaction du chien et lui hurler dessus… On est passés d’un chien peureux qui aboie beaucoup, à un chien peureux qui mord tout ce qui bouge…
Je suis partie de deux cours en pleurs avec mon chien. Le pire c’est qu’on a continué ces cours… On a dû participer à 6 ou 7 d’entre eux. Et surtout un chien qui avait perdu confiance en nous. A coup de patience et de douceur, on a réussi à retrouver à peu près une relation harmonieuse avec notre loulou. Mais ça a pris du temps et nous n’avons rien réglé de ses peurs !
La réalité du monde du chien
On a deux chiens, deux situations très différentes. Mais au final on a pu vivre à travers eux presque tout ce qui est décrit dans ce documentaire. Même l’éleveur de notre malamute nous avait « averti » de faire très attention à l’éducation de notre chien car leur premier malamute personne ne peut l’approcher… Imaginez un peu ce qu’il s’est passé dans ma tête à ce moment-là sachant que j’allai chercher mon tout premier chiot qui allait peser 35 kg !
En tant que photographe d’animaux domestiques, j’en ai vu défilé des chiens ! Et je suis très attachée à ce milieu par les réseaux sociaux, par mes amis, par mes clients, par mes collègues. Et au final les mêmes problèmes reviennent en boucle…
Les préjugés, les je-sais-tout, les jugements, … Tout le monde y va de sa petite science sur le caractère d’une race, sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire, sur le « bon niveau d’obéissance » à avoir avec son chien. Personnellement avoir un chien qui se couche à la miliseconde où je lui demande, ça ne m’a jamais intéressée. Mais pourtant quand notre chien n’est pas capable de le faire, on se sent jugés. On est vus comme mauvais maître. Alors imaginez-nous qui devons dorénavant promener noter petit Blink en muselière pour éviter un drame !
En tant que propriétaire de chiens, je me sens démunie face à tout cette mauvaise communication, face à ce manque de compétence du milieu professionel qui ne sait pas nous aider pour Blink. Et ça, c’est ce que moi j’ai vécu à travers ma vie de maman de 2 chiens. Mais des histoires comme ça, je pourrais en raconter toute la journée avec toutes les personnes avec qui j’ai pu « discuter chien ».
Et la photographie dans tout ça ?
J’aime photographier nos animaux de compagnie. Pourquoi ? Parce que je les admire, parce qu’ils me fascinent, parce que j’aime tant passer du temps en leur compagnie et partager des moments de rire et de tendresse. J’aime capturer cette relation si privilégiée entre un animal et son maître car je trouve que c’est une des plus belles choses qui existe sur cette terre.
Mais ça, c’est le beau côté. Il y a aussi des clients qui sont durs avec leur chien en séance et face à qui on ne sait pas comment réagir. Il y a aussi ces personnes qui aiment leur chien mais qui n’osent pas demander une séance photo. Car leur chien n’est pas assez obéissant ou parce qu’il est réactif, qu’ils se sentent honteux.
Finalement, en tant que photographe, amateur comme professionnel, on fait partie intégrante de ce monde du chien et on a le pouvoir de se faire entendre pour participer à changer ça ! Un maître qui violente son chien en séance photo, c’est non et archi non. Les personnes qui vont stresser et se mettre à hurler sur le chien parce qu’il écoute pas, c’est non et archi non. Les personnes qui pensent que leur chien ne peut pas faire de séance photo parce que leur chien n’a pas d’obéissance ou parce qu’il est réactif, c’est non et archi non.
A nous aussi se sensibiliser les gens. Les chiens ne sont pas des robots. Ce sont des êtres vivants doués de sensibilité et qui possèdent un caractère propre. Pas de préjugé de race, pas de comportement type à avoir. Qu’ils viennent tels qu’ils sont. C’est à nous de nous adapter à chaque chien et à chaque maître pour chaque séance photo. Bonne humeur, détente, partage. Voilà ce qui doit caractériser une séance photo avec un chien et plus généralement ce qui doit caractériser la vie avec un chien !
A nous de communiquer dans ce sens-là. Et au-delà de la photographie pour des particuliers, la photo peut aussi être une arme merveilleuse pour lutter contre ces injustices qui pénalisent les chiens et les relations qu’on peut avoir avec eux. Pourquoi ne pas tourner nos objectifs vers ces refuges ? Vers ces races mal aimées, stéréotypées qui subissent tellement et renverser ce qu’on pense d’eux ?
La photographie est une art qui sert à passer des messages. Et ces messages peuvent être forts alors n’hésitons pas à nous en servir et à en abuser !
Le mot de la fin
Ce documentaire est une claque qui parle du malinois. Mais au final on pourrait l’étendre à tellement de races et à tellement d’autres problématiques que nous, propriétaires de chiens et professionnels du monde animal, nous vivons au quotidien. Au final, je crois que ce qui me révolte le plus après la visualisation de ce documentaire, c’est de m’apercevoir que je ne suis absolument pas surprise de voir ça… Quelle tristesse non ?
Mais le vrai mot de la fin, c’est que c’est aussi notre devoir de participer à ne plus en faire une banalité. A nous aussi d’échanger et partager autour de ces problématiques. Avec nos amis, notre famille, nos clients, nos collègues.
Avoir un chien est un bonheur ! Et malgré toute les difficultés qu’on rencontre avec notre petit Blink, on l’aime et il nous le rend sincèrement. Les moments qu’on passe avec lui, comme avec Lugia, sont inestimables. On aime simplement passer du temps avec eux, les papouiller, les voir faire des bêtises, courir dans tous les sens dans le jardin, essayer d’attrapper les mouches, nous regarder avec des yeux d’amour. Ne gâchons plus ça et participons au fait de rendre ces relations plus saines pour nous et pour les autres.
Au final, merci à Esprit Dog d’avoir eu le courage de réaliser ce documentaire pour mettre en lumière les problèmes du monde du chien, et merci de l’avoir fait avec cette qualité-là. Ca m’a personellement rappelé à quel point j’ai moi aussi un rôle à jouer dans tout ça et je dois le prendre.
Dis moi en commentaire ce que tu as pensé de ce documentaire d’Esprit Dog sur le malinois. Quelle est ton expérience dans l’univers canin ? Et surtout, qu’est-ce que tu penses du rôle du photographe canin dans ce système-là ? Pense-tu qu’il est légitime et qu’il a sa place pour dénoncer les choses ? 🙂 Je suis curieuse de débattre avec toi en commentaire.